25 décembre 2009

JOYEUX NOËL !!!


21 décembre 2009 : Du nouveau chez les skua

En ce premier jour de l'été, la 47ème mission de Crozet est heureuse de vous annoncer la naissance des bébés skua du bord de la route de la plage!



21 décembre 2009 : C'est l'été !

Toute la colonie est sous le soleil, et à l'abri du vent le soleil tape. Ceux qui ont trop chaud, comme ce poussin d'un an, se couchent sur le sable et ouvrent leurs ailerons pour se rafraichir un peu.

17 décembre 2009

Actualité de la manchotière au 15 décembre 2009

Ce matin il a neigé (du gresil) mais les couveurs, avec leur oeuf entre les pattes, restent stoïques quelles que soient les conditions météo. Ce sont les mâles qui assurent la première période de l'incubation. Cette période, ou shift, dure entre 3 semaines et un mois. Pendant ce temps, les femelles vont se nourrir en mer, au niveau du front polaire, à plusieurs centaines de kilomètres au sud de Crozet.

A terre, les couveurs sont de plus en plus nombreux dans la colonie. Les premiers arrivés occupent les meilleurs places : au centre de la colonie, sur des zones non inondables. Les suivants prennent les places qu'il reste autour, et l'espace occupé par les couveurs s'étend ainsi petit à petit. Chaque couveur défend son territoire, qui correspond à la zone qu'il peut atteindre avec son bec et ses ailerons. Les couveurs sont donc tous à une distance respective les uns des autres, ce qui forme un quadrillage bien caractéristique. Qu'un couveur se déplace de quelques pas ou qu'un poussin ou un paradant passe au milieu des couveurs, et donc empiète sur le territoire d'un autre couveur et c'est le coup de bec ou d'aileron assuré !


La Grande Manchotière

14 décembre 2009

7 au 9 décembre 2009 : Manip BUS

Et voilà j’ai fait ma première manip !!! Ici on appelle « manip » toutes les sorties hors-base, que ce soit pour le boulot ou en loisirs. Je suis partie avec tous les gens de mon programme (le 137), à savoir Maryline, Onésime et Benjamin. Et nous sommes allés à la baie américaine, encore appelée baie US, ou BUS.

Nous sommes partis lundi à 14h. Il faisait beau temps, et pas de pluie annoncée, mais nous sommes quand même partis en bottes car sur le chemin il y a 3 rivières à traverser à gué, plus toutes les souilles qui jalonnent certains passages. Les souilles, ce sont des zones de bouillasse sur le chemin que le pas de l’homme forme à force de passer au même endroit dans les mousses et le terrains plutôt humide.

Souille au Bollard

Caillebotis sur la route de BUS

Certaines ne payent pas de mine, mais il faut se méfier car on peut s’y enfoncer jusqu’au genou (j’ai fait jusqu’à hauteur de bottes…), et en plus il faut marcher dedans et non à coté pour ne pas amplifier le phénomène sur les côtés du chemin. Dans certaines zone où cela devenaient vraiment trop critique, le tracer du chemin a été modifié ou bien des caillebotis ont été posés. Mais même si on arrête d’y passer, le chemin met plusieurs années à se reformer, et les plantes qui y repoussent ne sont pas les mêmes qu’au départ. Les chemins à Crozet sont donc continuellement au cœur d’un débat sur la dégradation des sols et végétaux : est-ce qu’il vaut mieux marcher toujours au même endroit et dégrader franchement une zone limitée ou bien marcher un peu partout sans tracer un chemin et dégrader uniformément (mais moins qu’avec un chemin) une plus grande zone ? La question n’est pas prête d’être résolue…

Mais revenons à notre route vers BUS.

Au départ, on prend la route, comme si on allait à la plage. Puis, à la jonction de la rivière, un petit chemin part sur la gauche et permet de descendre jusqu’à la rivière qu’on traverse avant de remonter le flanc de la colline (bonne montée toute droite). Une fois en haut, on est sur le plateau, il n’y a que des cailloux et des azorelles (plante subantarctique, très fragile, on n’a pas le droit de marcher dessus, je vous la présenterai une autre fois) qui s’accrochent au cailloux. On marche ainsi jusqu’au « donjon » (une sorte de barre rocheuse), puis jusqu’à l’homme à la pipe.

L’homme à la pipe

De là on voit la baie américaine et l’arbec (nom des cabanes sur l’île) qui nous attend au bout de sa plage.

Vue sur BUS depuis l’homme à la pipe

Mais il reste du chemin à parcourir. Il faut tout redescendre en passant par la petite manchotière, contourner le Morne Rouge pour enfin atteindre la plage de BUS et sa rivière. La petite manchotière est toute mignonne, entre deux « falaises ».

La Petite Manchotière

Enfin une manchotière « sauvage », ça change de celle de la baie du Marin où je vais tous les jours et où l’homme a largement laissé sa marque. Ici, les manchots sont tranquillous. On peut les observer depuis les hauteurs, et quand on passe sur la plage, ils semblent curieux de ces étrangers qui s’aventurent sur leur plage. Plus loin, on se pose dans l’herbe pour observer les gorfous macaronis et leurs houppettes de surfeurs !

Gorfou Macaroni

Sur la plage de la baie américaine, pas de manchotière, mais quand même des manchots non reproducteurs qui se promènent dans le coin (en vacances ?!) et bien sûr des éléphants de mer à gogo. On peut passer à coté d’eux sans problème mais il faut faire attention la nuit de pas marcher sur eux si on sort dehors!!!

Plage et arbec de BUS

Manchots dans la rivière

L’arbec est génial : tout en bois, des lits superposés (4 lits) avec plein de sacs de couchage, une gazinière et un four (on a fait du pain, du magret de canard/purée,…), un radian, une table, des bancs et à coté un arbec de fer qui contient la nourriture et du matériel divers. C’est royal !! et juste à côté la rivière où on peut pêcher des truites (3 petites pour l’apéro !).

Le lendemain on se promène dans les alentours : on passe par le village des phoquiers des américains (d’où le nom de la baie) dont on ne voit plus que les emplacement des maisons, on passe au milieu des otaries, on monte sur une crête, on redescend regarder les albatros fuligineux qui nichent dans la falaises, les cormorans, les canards d’Eaton…

Otaries

Albatros Fuligineux

Canard d’Eaton

Moi dans l’herbe

Puis on retourne à l’arbec et enfin les orques passent faire un tour (BUS est réputée pour les orques, mais nous on a pas eu de chance sur ce coup là). Repas du soir. Alors qu’il a fait beau toute la journée, une pluie de grésil-neige arrive, mais nous, on est bien au chaud dans l’arbec !!

Le lendemain matin, retour sur la base en passant par la côte : la crique de la chaloupe et sa mini manchotière, la crique du Sphinx, et la baie du Marin. Fin de notre belle escapade !!

Plateau Jeanelle

Choux de Kerguelen

7 décembre 2009

Base Alfred Faure – 47ème Mission

Avant de me lancer dans la description de la manchotière et de toutes les autres bestioles alentour, je vais vous expliquer comment s’organise la base.

Il y a 2 périodes dans l’année :

La campagne d’été (de septembre à mars) : il y a alors sur base
les hivernants de la mission précédentes qui vont repartir pendant
la campagne ou à la fin, les militaires qui sont arrivés en août
et restent 1 an, des civils qui ont es contrats de plusieurs mois
(le cuistot, le médecin…), les campagnards d’été (chercheurs,
thésard…) qui ne restent que quelques mois et les VCAT (comme moi)
qui restent 1 an)

L’hivernage (de mars à septembre) : il ne reste sur base que 25
personnes environs (les militaires et civils qui assurent
l’entretien de la base, le médecin, les cuisiniers et les VCAT)

Les départs et arrivées des différentes personnes dépendent du passage du Marion-Dufresne, des rotations prévues dans l’année.

La base est constituée de différents bâtiments séparés les uns des autres :
- Hébergements : l’Alabatros, l’Azorelle, la Résidence
- VIE-COM : Cuisine, salle à manger, salle commune (bar, baby-foot,
billard, bibliothèques) et salle de cinéma
- BIOMAR : labo de biologie
- GP : gérance postale et local radio
- Salle de musique
- Salle de sport
- Garage, ateliers divers, hangar
- Hôpital
- Caserne
- Et d’autres que je n’ai pas encore vus !!



Le responsable de la base est le chef de district (le DISCRO)

Chacun a son travail propre, mais on participe tous à la bonne gestion des parties communes avec des tours pour le ménage des bâtiments d’hébergement (le p’tit Raoul) et le bâtiment commun (la p’tite Marie).

Les hivernants ont leur chambre personnelle (assez grande avec lit, bureau, et douche, sanitaire), de vrais petits studios !!! et les campagnards sont regroupés à plusieurs dans d’autres chambres. Les militaires et les VCAT sont mélangés dans le bâtiment d’hébergement, ce qui est plus sympa pour mélanger les gens et ne pas faire des groupes par fonction (genre scientifique d’un côté et militaires de l’autre). Mais la plupart du temps, en dehors du boulot on est en VIE-COM.

De ma chambre, je vois l’île de l’Est qui est à une dizaine de km de l’île de la Possession, très majestueuse avec ses montagnes (souvent dans la brume). J’ai hâte de voir un beau lever de soleil en me levant !

Terre droit devant !

Depuis une semaine que je suis arrivée sur mon île, je prends enfin le temps de mettre à jour mon blog, pour répondre à l’attente frénétique de certains !!! Donc non je ne suis pas perdue au cœur de l’océan austral (quoique… !!!) et oui nous avons touché terre, et donc je suis bien arrivée à l’île de la Possession. Vous voilà tous rassurés !!!

Mais je suppose que vous êtes également impatients de savoir comment s’est passé la traversée.

Donc nous sommes tous (c'est-à-dire toutes les personnes qui vont à Crozet, mais aussi Kerguelen et Amsterdam avec cette rotation) partis en avion (très long les 11h d'avion même en dormant et en regardant des films!!!) mardi 17 novembre à 19h45.

Arrivés à la Réunion le matin, transfert en bus jusqu'au port. Le Marion-Dufresne ne partant que le soir on a pu profiter de la chaleur de la Réunion (26°C environ). Le bateau est parti vers 18h, et la vie à bord a commencé avec toutes les autres personnes partant sur Crozet, Kerguelen et Amsterdam. La première nuit a été assez agitée au niveau du tangage, histoire de nous mettre dans le bain dès le début, mais ça s'est calmé les jours suivants. Pas eu le mal de mer, juste la fatigue du voyage et le temps de s'amariner (le fait de s'habituer au bateau). Le Marion-Dufresne mesure 122 m de long, ce n’est pas un bateau de croisière style Corsica Ferry, mais on peut se promener partout si la mer n’est pas trop grosse. On peut même aller tout à l’avant pour voir la quille s’enfoncer dans la mer (faut pas avoir le vertige, car on se croirait un peu dans le bateau pirate du parc Astérix !!!). Il y a environ 8 ponts. Ma cabine était à l’avant-dernier en haut, là où ça bouge bien mais on avait une fenêtre d’où on voyait bien la mer (sympa au réveil), et la passerelle (ou timonerie, enfin bon la salle des commandes) où on observait les oiseaux était sur le pont au dessus. Le restaurant était sur le pont médian. Repas à 8h, 11h et 18h (faut s’habituer, autant dire que je n’ai pas fait les petits déj !!). Service à table, très bon, avec les nappes antidérapantes au cas où !!! Il n’y a pas grand chose à faire sur un bateau à part regarder la mer, les oiseaux marins quand il y en a, discuter, et faire la fête le soir ; il y avait aussi une salle de sport, un baby-foot et un jeu de fléchettes (pas évident quand ça tangue). On a quand même vu des cachalots au loin.

Lundi 23 novembre nous sommes arrivés comme prévu en vue de Crozet, avec les orques pour nous souhaiter la bienvenue et de plus en plus d'oiseaux et des manchots qui tournaient autour du bateau.

On a fait le tour de l'île avant d'être débarqués en hélicoptère (ça c'est la classe!!) sur la base, accueillis par les hivernants que l’on va remplacer, et les militaires qui sont arrivés en août.

Pendant 2 jours c'était l'OP (Opération Portuaire, c'est-à-dire débarquement du matériel, des vivres, aller-venu des touristes...). Le premier jour je suis allée à la plage voir la manchotière (hallucinant de voir les manchots et les éléphants de mer d'aussi près) et les albatros. Le tout avec une météo d'enfer (pointe de vent à 100km/h, pluie, soleil, neige, on ne m'avait pas menti sur la météo!!), les personnes étant descendu ce jour là ont bien failli dormir sur la base car l’hélico ne pouvait pas venir les chercher à cause du vent. Mais une accalmie a été annoncée et le pilote en a profité pour revenir chercher les gens. Le lendemain je faisais parti de l'équipe qui aide à décharger le matériel accroché au câble de l'hélico et qui aide les passagers de l'hélico à monter et à descendre, de 6h à 20h. Dure journée, où on passe beaucoup de temps à attendre, mais très intéressant de voir comme se passe le déchargement du bateau à la base et très impressionnant de voir la précision du pilote pour poser les caisses. En parallèle, des barges amenaient par la mer les caisses trop lourdes (l’hélico est limité à 650kg).

La journée se finit par un repas tous ensemble et on commence à faire connaissance avec tout le monde, l’ambiance est sympa mais on est tous bien fatigués des dernières journées.