12 novembre 2009

Pour m'écrire...

Pour tous ceux qui se demandent bien comment je vais pouvoir communiquer depuis mon bout de caillou, voici le fin mot de l'énigme !!

Par courrier, je peux vous envoyer des lettres (avec un beau timbre et de beaux tampons) par les différents bateaux qui passeront dans l'année, et qui les déposeront à la Réunion où elles seront expédiées tranquillement vers la France. Et si vous voulez m'écrire, même principe mais dans l'autre sens: vous envoyez votre lettre à la Réunion et le jour où un bateau passe il prend tout le courrier pour l'amener jusqu'à Crozet (sympa, le mec!!).

Voici mon adresse (à bien recopier sinon...):

Mlle RIPOCHE Marion
Base Alfred FAURE
District de CROZET
TERRES AUSTRALES ET ANTARCTIQUES FRANCAISES
VIA LA REUNION

Sinon, pour aller plus vite, la technologie aidant, il y a les mails:

marion.ripoche@crozet.ipev.fr

Mais attention : je n'ai accès qu'à ma boîte mail et non à l'ensemble du web (donc pas la peine de me donner des liens de sites ou autres). Et je ne peux recevoir et envoyer qu'une taille max par message (je vous redirais quand je serais là-bas, mais il n'y a aucun problème pour du texte simple). Par contre je peux en recevoir et en écrire autant que je veux par jour alors n'hésitez pas!!!

3 novembre 2009

17 Novembre 2009, en route pour les îles...

ça y est j'ai reçu ma convocation pour le grand départ: ce sera mardi 17 novembre, l'avion part de Roissy Charle de Gaule à 19h45. Arrivée à la Réunion à 9h35 et le bateau part ensuite dans la journée pour atteindre les Iles Crozet 4-5 jours plus tard.

Mais au fait, c'est où les Iles Crozet ?

Source: IPEV

Les îles Crozet (340 km2) sont composées de cinq îles volcaniques. La plus élevée culmine à 1050 m. L’archipel se situe entre les latitudes 45° 95’ et 46° 50’ Sud et les longitudes 50° 33’ et 52° 58’ Est, dans le sud de l’océan Indien entre Madagascar et l’Antarctique. L’archipel est divisé en deux groupes distants d’environ 110 km . Le groupe occidental comprend l'île aux Cochons, l'île des Apôtres et l'îles des Pingouins, groupe encore appelé îles Froides par Marion Dufresne qui les découvrit en 1772. Le groupe oriental comprend l’île de la Possession ( sur laquelle se trouve la base Alfred Faure) et l’île de l’Est.

Climat
Le climat est typique de la zone subantarctique, particulièrement venteux et pluvieux, avec une température moyenne de l’air de 5°C et l’eau de 4°C. Les îles Crozet ne sont en général pas gelées mais sont balayées par des vents dominants de secteur ouest à nord-ouest, souvent extrêmement violents sous forme de redoutables tempêtes interdisant pendant plusieurs jours consécutifs l'accès à l'archipel. Les vents dépassent les 100 km/h 100 jours par an. Les précipitations sont très abondantes (plus de 2.500 mm par an) et fréquentes : il pleut en moyenne 300 jours par an. Les saisons sont peu marquées ; au bord de la mer, la température se maintient toute l'année entre -5°C et +15°C.

Géologie
Les îles Crozet reposent sur un vaste plateau océanique de 4.500 km², limité par l'isobathe -250 m. Elles appartiennent à un vaste massif volcanique que la tectonique a morcelé et dont une grande partie a sombré en mer. Aujourd'hui, les témoins de cette histoire sont répartis en 2 groupes d'îles :
· l'un occidental avec les 12 îlots des Apôtres, l'île aux Cochons et l'île aux Pingouins,
· l'autre oriental, à 100 km du précédent, avec l'île de la Possession et l'île de l'Est.
C'est le groupe oriental qui est apparu le premier, il y a une dizaine de millions d'années (MA), et le volcanisme s'y manifestait encore il y a quelques dizaines de milliers d'années.
Le groupe occidental, quant à lui, est né il y a un peu plus de 5 MA. Son produit le plus récent est l'île aux Cochons, qui a moins de 500.000 ans et où des épisodes volcaniques très récents (environ 5.000 ans) ont produit une soixantaine de cônes de scories.

Découverte des îles Crozet
Les îles Crozet sont découvertes par l'expédition du navigateur français Nicolas Thomas Marion-Dufresne qui fait débarquer son second, Julien Crozet, sur l'île de la Prise de Possession (actuelle île de la Possession) le 24 janvier 1772. Celui-ci prend alors possession de l'archipel au nom de la France. James Cook nommera plus tard ces îles d'après ce dernier, ayant également donné le nom de Marion(-Dufresne) à une île de l'archipel du Prince-Édouard.

Au début du 19e siècle, les îles Crozet sont souvent visitées par des chasseurs de phoques, provoquant leur quasi disparition vers 1835. Après cette date, la chasse à la baleine est la principale activité menée autour de l'archipel. La fréquence des naufrages autour des îles est telle que la Royal Navy y envoie de temps en temps un navire (à intervalles de quelques années) pour récupérer d'éventuels survivants.

Pour réaffirmer la souveraineté de la France en l'absence d'occupation permanente de l'archipel, l'aviso Bougainville est envoyé à Crozet en janvier 1939. Une cérémonie est effectuée sur l'île de la Possession, et une borne portant une plaque de bronze est mise en place au-dessus de la baie du Marin qui reçoit ce nom à cette occasion.

Un décret du gouvernement français du 21 novembre 1924 rattache les îles Crozet, Kerguelen, Saint-Paul et Amsterdam au district des " îles éparses " dépendant de la province de Tamatave à Madagascar, colonie française à l'époque. Puis, en 1955, elles deviennent un district des Terres Australes et Antarctiques Françaises (TAAF) et forment ainsi un nouveau Territoire d'Outre-Mer (TOM).

Statut actuel: TAAF et réserves naturelle
Actuellement, les Iles Crozet font donc partie de TAAF : les Terres Australes et Antarctiques Française, territoires d’outre-mer doté de l’autonomie administrative et financière, depuis la loi du 6 août 1955. La France y exerce donc pleinement sa souveraineté. Même si cette souveraineté n’est pas menacée, il est nécessaire de l’affirmer pleinement, à la fois par la présence de bases occupées en permanence et par une surveillance de l’immense zone économique de 200 milles nautiques qui entoure ces îles.

Peu d’endroits au monde abritent encore des populations animales de l’importance de celles des TAAF : manchot empereur, grand albatros, manchot royal, éléphant de mer, otarie d’Amsterdam, pétrel géant, skua, gorfous, sternes…qui se comptent par milliers suivant les saisons et les espèces. Les TAAF ont créé en octobre 2006 une réserve naturelle couvrant une superficie d’environ 700 000 hectares dans les îles subantarctiques. Cette réserve est de très loin la plus grande de France. En protégeant les écosystèmes terrestres et marins exceptionnels des Kerguelen ou de l’archipel Crozet, elle permettra aux chercheurs de continuer à mener des travaux essentiels pour la connaissance et la protection de la biodiversité.

2 novembre 2009

Comment une véto atterrit au pays des manchots ?!

Le départ approche à grand pas, mais avant de partir je vais vous expliquer un peu plus en détail comment je suis arrivée jusqu’à ce projet, en quoi il consiste et brièvement comment ça va se passer la-bas.

VCAT biologiste, recrutée par l’IPEV pour le Programme 137 du CNRS de Strasbourg

J’ai été recrutée par l’IPEV comme VCAT (Volontaire Civile à l’Aide Technique) pour réaliser sur le terrains les travaux scientifiques que le CNRS de Strasbourg mène chaque année dans cette zone. Mon programme de recherche concerne uniquement le manchot royal sur les Iles Crozet

L’IPEV (Institut Polaire Français Paul-Émile Victor) est un groupement d’intérêt public dont le rôle est d’offrir un cadre juridique ainsi que des moyens humains, logistiques, techniques et financiers nécessaires au développement de la recherche française dans les régions polaires (Arctique et Antarctique) ou sub-polaires (terres australes). Celle-ci couvre un grand nombre de disciplines scientifiques : géophysique externe et interne, physique et chimie, glaciologie, biologie, médecine, océanographie, météorologie, sciences humaines. De plus, pour assurer la maintenance des bases dans des milieux aussi isolés, de nombreux autres corps de métier sont indispensables : cuisinier, charpentier, électronicien, médecin … L’IPEV permet donc aux laboratoires qui le souhaite, et dont le protocole de recherche est justifié et validé par un comité d’éthique, de mener à bien leur travaux dans ces zones isolées. Chaque année, une soixantaine de programmes, toutes disciplines confondues, sont ainsi sélectionnés par l’IPEV, qui se charge ensuite de recruter le personnel nécessaire et assure toute la logistique des missions.


Candidature, mode d’emploi

J’avais repéré la possibilité de partir étudier les manchots dans les terres Antarctiques depuis quelques années, mais je voulais auparavant terminer l’Ecole Vétérinaire avant de me lancer dans l’aventure.

Fin janvier 2009, j’ai envoyé mon CV et lettre de motivation (merci Guillaume) à l’IPEV,
en précisant les postes que j’envisageais, pour qu’il le fasse passer aux labo de recherche pouvant être intéressés par mon profil.

Une semaine plus tard, le CNRS de Strasbourg m’appelle et me fait passer un court entretien téléphonique pour évaluer ma motivation. Ils me disent qu’ils ont retenu 8 CV pour 2 postes (1 en Terre Adélie et 1 à Crozet), et qu’à l’issu des entretiens téléphoniques, ils en retiendront 4 pour passer des entretiens à Strasbourg même.

Youpi, je fais parti des 4 retenus et je passe l’entretien au CNRS en mars. On teste encore ma motivation et j’ai peur de ne pas faire le poids face aux autres car je n’ai aucune expérience de terrain … mais l’entretien se passe bien et est assez conviviale, donc j’essaie d’être confiante.

S’en suit une semaine d’attente pour avoir la réponse finale : oui, c’est moi qui part sur l’un des deux postes mais je ne sais pas encore lequel. J’ai une légère préférence pour Crozet, mais ça dépend aussi des préférences de l’autre candidate retenue (une Marion aussi, une véto aussi et qui a suivi la même formation que moi en épidémiologie un an avant moi, comme quoi, le monde est petit parfois !), mais ça dépend aussi des résultat des tests médicaux et psychologiques. L’isolement étant plus grand en Terre Adélie et les conditions plus extrêmes, ils ne peuvent pas se prononcer avant de vérifier qu’on est capable de tenir moralement et que le poste nous conviendra bien.

Il ne me reste donc plus qu’à passer ces fameux tests en mai, lors d’une journée marathon à Paris :
- matinée médicale : ophtalmo, fond d’œil, radio des poumons, radio panoramique des dents, électrocardiogramme, prise de sang (ils ont testé tous ce qu’il est possible de tester dans le sang), analyse d’urine, consultation médicale,… le check up complet !!!
- après-midi psychologique : des questionnaires à remplir du type « êtes vous quelqu'un d'organisé ? » vrai/faux, cela me ressemble pas du tout/ cela me ressemble totalement, « finissez-vous ce que vous entreprenez ? » toujours/souvent/parfois/jamais… interminable… et puis entretien avec le psy où on commence facile en racontant sa famille, sa scolarité, puis plus dur quand il faut se décrire et qu’on se rend compte qu’on ressort toutes les phrases qu’on vient lire pendant 2 heures dans les questionnaires... et le bouquet final avec l’interprétation des taches…étrange, un peu déstabilisant…

Enfin ça y est tout est en ordre, c’est sûr je pars, je suis trop contente, toute la tension des entretiens et tests depuis janvier commence à retomber… mais je pars où ??? Nous sommes en mai et je n’attend plus que la lettre de l’IPEV pour connaître le lieu de mon affectation.

Enfin la lettre tant attendue arrive : ce sera les îles Crozet. Soulagement final…je n’arrive pas à y croire…