2 novembre 2009

Comment une véto atterrit au pays des manchots ?!

Le départ approche à grand pas, mais avant de partir je vais vous expliquer un peu plus en détail comment je suis arrivée jusqu’à ce projet, en quoi il consiste et brièvement comment ça va se passer la-bas.

VCAT biologiste, recrutée par l’IPEV pour le Programme 137 du CNRS de Strasbourg

J’ai été recrutée par l’IPEV comme VCAT (Volontaire Civile à l’Aide Technique) pour réaliser sur le terrains les travaux scientifiques que le CNRS de Strasbourg mène chaque année dans cette zone. Mon programme de recherche concerne uniquement le manchot royal sur les Iles Crozet

L’IPEV (Institut Polaire Français Paul-Émile Victor) est un groupement d’intérêt public dont le rôle est d’offrir un cadre juridique ainsi que des moyens humains, logistiques, techniques et financiers nécessaires au développement de la recherche française dans les régions polaires (Arctique et Antarctique) ou sub-polaires (terres australes). Celle-ci couvre un grand nombre de disciplines scientifiques : géophysique externe et interne, physique et chimie, glaciologie, biologie, médecine, océanographie, météorologie, sciences humaines. De plus, pour assurer la maintenance des bases dans des milieux aussi isolés, de nombreux autres corps de métier sont indispensables : cuisinier, charpentier, électronicien, médecin … L’IPEV permet donc aux laboratoires qui le souhaite, et dont le protocole de recherche est justifié et validé par un comité d’éthique, de mener à bien leur travaux dans ces zones isolées. Chaque année, une soixantaine de programmes, toutes disciplines confondues, sont ainsi sélectionnés par l’IPEV, qui se charge ensuite de recruter le personnel nécessaire et assure toute la logistique des missions.


Candidature, mode d’emploi

J’avais repéré la possibilité de partir étudier les manchots dans les terres Antarctiques depuis quelques années, mais je voulais auparavant terminer l’Ecole Vétérinaire avant de me lancer dans l’aventure.

Fin janvier 2009, j’ai envoyé mon CV et lettre de motivation (merci Guillaume) à l’IPEV,
en précisant les postes que j’envisageais, pour qu’il le fasse passer aux labo de recherche pouvant être intéressés par mon profil.

Une semaine plus tard, le CNRS de Strasbourg m’appelle et me fait passer un court entretien téléphonique pour évaluer ma motivation. Ils me disent qu’ils ont retenu 8 CV pour 2 postes (1 en Terre Adélie et 1 à Crozet), et qu’à l’issu des entretiens téléphoniques, ils en retiendront 4 pour passer des entretiens à Strasbourg même.

Youpi, je fais parti des 4 retenus et je passe l’entretien au CNRS en mars. On teste encore ma motivation et j’ai peur de ne pas faire le poids face aux autres car je n’ai aucune expérience de terrain … mais l’entretien se passe bien et est assez conviviale, donc j’essaie d’être confiante.

S’en suit une semaine d’attente pour avoir la réponse finale : oui, c’est moi qui part sur l’un des deux postes mais je ne sais pas encore lequel. J’ai une légère préférence pour Crozet, mais ça dépend aussi des préférences de l’autre candidate retenue (une Marion aussi, une véto aussi et qui a suivi la même formation que moi en épidémiologie un an avant moi, comme quoi, le monde est petit parfois !), mais ça dépend aussi des résultat des tests médicaux et psychologiques. L’isolement étant plus grand en Terre Adélie et les conditions plus extrêmes, ils ne peuvent pas se prononcer avant de vérifier qu’on est capable de tenir moralement et que le poste nous conviendra bien.

Il ne me reste donc plus qu’à passer ces fameux tests en mai, lors d’une journée marathon à Paris :
- matinée médicale : ophtalmo, fond d’œil, radio des poumons, radio panoramique des dents, électrocardiogramme, prise de sang (ils ont testé tous ce qu’il est possible de tester dans le sang), analyse d’urine, consultation médicale,… le check up complet !!!
- après-midi psychologique : des questionnaires à remplir du type « êtes vous quelqu'un d'organisé ? » vrai/faux, cela me ressemble pas du tout/ cela me ressemble totalement, « finissez-vous ce que vous entreprenez ? » toujours/souvent/parfois/jamais… interminable… et puis entretien avec le psy où on commence facile en racontant sa famille, sa scolarité, puis plus dur quand il faut se décrire et qu’on se rend compte qu’on ressort toutes les phrases qu’on vient lire pendant 2 heures dans les questionnaires... et le bouquet final avec l’interprétation des taches…étrange, un peu déstabilisant…

Enfin ça y est tout est en ordre, c’est sûr je pars, je suis trop contente, toute la tension des entretiens et tests depuis janvier commence à retomber… mais je pars où ??? Nous sommes en mai et je n’attend plus que la lettre de l’IPEV pour connaître le lieu de mon affectation.

Enfin la lettre tant attendue arrive : ce sera les îles Crozet. Soulagement final…je n’arrive pas à y croire…

2 commentaires:

  1. Moi je suis quand meme super fan!!!
    Vive toi.
    On attend les vraies belles photos prises par toi :)

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  2. Bonjour,

    Tout d'abord merci pour cet article car même s'il parait anodin, il a une valeur de témoignage difficile à trouver sur le net.

    Je viens d'être sélectionné pour les entretiens sur Strasbourg pour les mêmes programmes que toi il y a à peine 4 jours et je passe l'entretien après demain. (en visioconférence depuis ma réserve naturelle en Australie, tout va très vite)

    Je voulais savoir, toi qui a vécu plus d'un an sur ce programme et qui est passée par toutes les phases de sélection, quelle fut la clé de ta sélection face aux autres, est-ce ce que tu peux désormais avoir une idée des raisons pour lesquelles ils t'ont choisie parmi tous les candidats.

    Cela m'intéresse pour savoir sous quel angle je dois aborder cet entretien, adéquation entre mon parcours et le travail demandé sur place où plutôt capacité à s'adapter très facilement à des milieux extrêmes et parfois hostiles sur le long-terme. Je pense que c'est un cocktail de toutes les capacités réunies mais si par chance tu avais une opinion avisée, ce serait un plus.

    Merci par avance si jamais tu lis ce message.

    Matt.

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