25 décembre 2009

JOYEUX NOËL !!!


21 décembre 2009 : Du nouveau chez les skua

En ce premier jour de l'été, la 47ème mission de Crozet est heureuse de vous annoncer la naissance des bébés skua du bord de la route de la plage!



21 décembre 2009 : C'est l'été !

Toute la colonie est sous le soleil, et à l'abri du vent le soleil tape. Ceux qui ont trop chaud, comme ce poussin d'un an, se couchent sur le sable et ouvrent leurs ailerons pour se rafraichir un peu.

17 décembre 2009

Actualité de la manchotière au 15 décembre 2009

Ce matin il a neigé (du gresil) mais les couveurs, avec leur oeuf entre les pattes, restent stoïques quelles que soient les conditions météo. Ce sont les mâles qui assurent la première période de l'incubation. Cette période, ou shift, dure entre 3 semaines et un mois. Pendant ce temps, les femelles vont se nourrir en mer, au niveau du front polaire, à plusieurs centaines de kilomètres au sud de Crozet.

A terre, les couveurs sont de plus en plus nombreux dans la colonie. Les premiers arrivés occupent les meilleurs places : au centre de la colonie, sur des zones non inondables. Les suivants prennent les places qu'il reste autour, et l'espace occupé par les couveurs s'étend ainsi petit à petit. Chaque couveur défend son territoire, qui correspond à la zone qu'il peut atteindre avec son bec et ses ailerons. Les couveurs sont donc tous à une distance respective les uns des autres, ce qui forme un quadrillage bien caractéristique. Qu'un couveur se déplace de quelques pas ou qu'un poussin ou un paradant passe au milieu des couveurs, et donc empiète sur le territoire d'un autre couveur et c'est le coup de bec ou d'aileron assuré !


La Grande Manchotière

14 décembre 2009

7 au 9 décembre 2009 : Manip BUS

Et voilà j’ai fait ma première manip !!! Ici on appelle « manip » toutes les sorties hors-base, que ce soit pour le boulot ou en loisirs. Je suis partie avec tous les gens de mon programme (le 137), à savoir Maryline, Onésime et Benjamin. Et nous sommes allés à la baie américaine, encore appelée baie US, ou BUS.

Nous sommes partis lundi à 14h. Il faisait beau temps, et pas de pluie annoncée, mais nous sommes quand même partis en bottes car sur le chemin il y a 3 rivières à traverser à gué, plus toutes les souilles qui jalonnent certains passages. Les souilles, ce sont des zones de bouillasse sur le chemin que le pas de l’homme forme à force de passer au même endroit dans les mousses et le terrains plutôt humide.

Souille au Bollard

Caillebotis sur la route de BUS

Certaines ne payent pas de mine, mais il faut se méfier car on peut s’y enfoncer jusqu’au genou (j’ai fait jusqu’à hauteur de bottes…), et en plus il faut marcher dedans et non à coté pour ne pas amplifier le phénomène sur les côtés du chemin. Dans certaines zone où cela devenaient vraiment trop critique, le tracer du chemin a été modifié ou bien des caillebotis ont été posés. Mais même si on arrête d’y passer, le chemin met plusieurs années à se reformer, et les plantes qui y repoussent ne sont pas les mêmes qu’au départ. Les chemins à Crozet sont donc continuellement au cœur d’un débat sur la dégradation des sols et végétaux : est-ce qu’il vaut mieux marcher toujours au même endroit et dégrader franchement une zone limitée ou bien marcher un peu partout sans tracer un chemin et dégrader uniformément (mais moins qu’avec un chemin) une plus grande zone ? La question n’est pas prête d’être résolue…

Mais revenons à notre route vers BUS.

Au départ, on prend la route, comme si on allait à la plage. Puis, à la jonction de la rivière, un petit chemin part sur la gauche et permet de descendre jusqu’à la rivière qu’on traverse avant de remonter le flanc de la colline (bonne montée toute droite). Une fois en haut, on est sur le plateau, il n’y a que des cailloux et des azorelles (plante subantarctique, très fragile, on n’a pas le droit de marcher dessus, je vous la présenterai une autre fois) qui s’accrochent au cailloux. On marche ainsi jusqu’au « donjon » (une sorte de barre rocheuse), puis jusqu’à l’homme à la pipe.

L’homme à la pipe

De là on voit la baie américaine et l’arbec (nom des cabanes sur l’île) qui nous attend au bout de sa plage.

Vue sur BUS depuis l’homme à la pipe

Mais il reste du chemin à parcourir. Il faut tout redescendre en passant par la petite manchotière, contourner le Morne Rouge pour enfin atteindre la plage de BUS et sa rivière. La petite manchotière est toute mignonne, entre deux « falaises ».

La Petite Manchotière

Enfin une manchotière « sauvage », ça change de celle de la baie du Marin où je vais tous les jours et où l’homme a largement laissé sa marque. Ici, les manchots sont tranquillous. On peut les observer depuis les hauteurs, et quand on passe sur la plage, ils semblent curieux de ces étrangers qui s’aventurent sur leur plage. Plus loin, on se pose dans l’herbe pour observer les gorfous macaronis et leurs houppettes de surfeurs !

Gorfou Macaroni

Sur la plage de la baie américaine, pas de manchotière, mais quand même des manchots non reproducteurs qui se promènent dans le coin (en vacances ?!) et bien sûr des éléphants de mer à gogo. On peut passer à coté d’eux sans problème mais il faut faire attention la nuit de pas marcher sur eux si on sort dehors!!!

Plage et arbec de BUS

Manchots dans la rivière

L’arbec est génial : tout en bois, des lits superposés (4 lits) avec plein de sacs de couchage, une gazinière et un four (on a fait du pain, du magret de canard/purée,…), un radian, une table, des bancs et à coté un arbec de fer qui contient la nourriture et du matériel divers. C’est royal !! et juste à côté la rivière où on peut pêcher des truites (3 petites pour l’apéro !).

Le lendemain on se promène dans les alentours : on passe par le village des phoquiers des américains (d’où le nom de la baie) dont on ne voit plus que les emplacement des maisons, on passe au milieu des otaries, on monte sur une crête, on redescend regarder les albatros fuligineux qui nichent dans la falaises, les cormorans, les canards d’Eaton…

Otaries

Albatros Fuligineux

Canard d’Eaton

Moi dans l’herbe

Puis on retourne à l’arbec et enfin les orques passent faire un tour (BUS est réputée pour les orques, mais nous on a pas eu de chance sur ce coup là). Repas du soir. Alors qu’il a fait beau toute la journée, une pluie de grésil-neige arrive, mais nous, on est bien au chaud dans l’arbec !!

Le lendemain matin, retour sur la base en passant par la côte : la crique de la chaloupe et sa mini manchotière, la crique du Sphinx, et la baie du Marin. Fin de notre belle escapade !!

Plateau Jeanelle

Choux de Kerguelen

7 décembre 2009

Base Alfred Faure – 47ème Mission

Avant de me lancer dans la description de la manchotière et de toutes les autres bestioles alentour, je vais vous expliquer comment s’organise la base.

Il y a 2 périodes dans l’année :

La campagne d’été (de septembre à mars) : il y a alors sur base
les hivernants de la mission précédentes qui vont repartir pendant
la campagne ou à la fin, les militaires qui sont arrivés en août
et restent 1 an, des civils qui ont es contrats de plusieurs mois
(le cuistot, le médecin…), les campagnards d’été (chercheurs,
thésard…) qui ne restent que quelques mois et les VCAT (comme moi)
qui restent 1 an)

L’hivernage (de mars à septembre) : il ne reste sur base que 25
personnes environs (les militaires et civils qui assurent
l’entretien de la base, le médecin, les cuisiniers et les VCAT)

Les départs et arrivées des différentes personnes dépendent du passage du Marion-Dufresne, des rotations prévues dans l’année.

La base est constituée de différents bâtiments séparés les uns des autres :
- Hébergements : l’Alabatros, l’Azorelle, la Résidence
- VIE-COM : Cuisine, salle à manger, salle commune (bar, baby-foot,
billard, bibliothèques) et salle de cinéma
- BIOMAR : labo de biologie
- GP : gérance postale et local radio
- Salle de musique
- Salle de sport
- Garage, ateliers divers, hangar
- Hôpital
- Caserne
- Et d’autres que je n’ai pas encore vus !!



Le responsable de la base est le chef de district (le DISCRO)

Chacun a son travail propre, mais on participe tous à la bonne gestion des parties communes avec des tours pour le ménage des bâtiments d’hébergement (le p’tit Raoul) et le bâtiment commun (la p’tite Marie).

Les hivernants ont leur chambre personnelle (assez grande avec lit, bureau, et douche, sanitaire), de vrais petits studios !!! et les campagnards sont regroupés à plusieurs dans d’autres chambres. Les militaires et les VCAT sont mélangés dans le bâtiment d’hébergement, ce qui est plus sympa pour mélanger les gens et ne pas faire des groupes par fonction (genre scientifique d’un côté et militaires de l’autre). Mais la plupart du temps, en dehors du boulot on est en VIE-COM.

De ma chambre, je vois l’île de l’Est qui est à une dizaine de km de l’île de la Possession, très majestueuse avec ses montagnes (souvent dans la brume). J’ai hâte de voir un beau lever de soleil en me levant !

Terre droit devant !

Depuis une semaine que je suis arrivée sur mon île, je prends enfin le temps de mettre à jour mon blog, pour répondre à l’attente frénétique de certains !!! Donc non je ne suis pas perdue au cœur de l’océan austral (quoique… !!!) et oui nous avons touché terre, et donc je suis bien arrivée à l’île de la Possession. Vous voilà tous rassurés !!!

Mais je suppose que vous êtes également impatients de savoir comment s’est passé la traversée.

Donc nous sommes tous (c'est-à-dire toutes les personnes qui vont à Crozet, mais aussi Kerguelen et Amsterdam avec cette rotation) partis en avion (très long les 11h d'avion même en dormant et en regardant des films!!!) mardi 17 novembre à 19h45.

Arrivés à la Réunion le matin, transfert en bus jusqu'au port. Le Marion-Dufresne ne partant que le soir on a pu profiter de la chaleur de la Réunion (26°C environ). Le bateau est parti vers 18h, et la vie à bord a commencé avec toutes les autres personnes partant sur Crozet, Kerguelen et Amsterdam. La première nuit a été assez agitée au niveau du tangage, histoire de nous mettre dans le bain dès le début, mais ça s'est calmé les jours suivants. Pas eu le mal de mer, juste la fatigue du voyage et le temps de s'amariner (le fait de s'habituer au bateau). Le Marion-Dufresne mesure 122 m de long, ce n’est pas un bateau de croisière style Corsica Ferry, mais on peut se promener partout si la mer n’est pas trop grosse. On peut même aller tout à l’avant pour voir la quille s’enfoncer dans la mer (faut pas avoir le vertige, car on se croirait un peu dans le bateau pirate du parc Astérix !!!). Il y a environ 8 ponts. Ma cabine était à l’avant-dernier en haut, là où ça bouge bien mais on avait une fenêtre d’où on voyait bien la mer (sympa au réveil), et la passerelle (ou timonerie, enfin bon la salle des commandes) où on observait les oiseaux était sur le pont au dessus. Le restaurant était sur le pont médian. Repas à 8h, 11h et 18h (faut s’habituer, autant dire que je n’ai pas fait les petits déj !!). Service à table, très bon, avec les nappes antidérapantes au cas où !!! Il n’y a pas grand chose à faire sur un bateau à part regarder la mer, les oiseaux marins quand il y en a, discuter, et faire la fête le soir ; il y avait aussi une salle de sport, un baby-foot et un jeu de fléchettes (pas évident quand ça tangue). On a quand même vu des cachalots au loin.

Lundi 23 novembre nous sommes arrivés comme prévu en vue de Crozet, avec les orques pour nous souhaiter la bienvenue et de plus en plus d'oiseaux et des manchots qui tournaient autour du bateau.

On a fait le tour de l'île avant d'être débarqués en hélicoptère (ça c'est la classe!!) sur la base, accueillis par les hivernants que l’on va remplacer, et les militaires qui sont arrivés en août.

Pendant 2 jours c'était l'OP (Opération Portuaire, c'est-à-dire débarquement du matériel, des vivres, aller-venu des touristes...). Le premier jour je suis allée à la plage voir la manchotière (hallucinant de voir les manchots et les éléphants de mer d'aussi près) et les albatros. Le tout avec une météo d'enfer (pointe de vent à 100km/h, pluie, soleil, neige, on ne m'avait pas menti sur la météo!!), les personnes étant descendu ce jour là ont bien failli dormir sur la base car l’hélico ne pouvait pas venir les chercher à cause du vent. Mais une accalmie a été annoncée et le pilote en a profité pour revenir chercher les gens. Le lendemain je faisais parti de l'équipe qui aide à décharger le matériel accroché au câble de l'hélico et qui aide les passagers de l'hélico à monter et à descendre, de 6h à 20h. Dure journée, où on passe beaucoup de temps à attendre, mais très intéressant de voir comme se passe le déchargement du bateau à la base et très impressionnant de voir la précision du pilote pour poser les caisses. En parallèle, des barges amenaient par la mer les caisses trop lourdes (l’hélico est limité à 650kg).

La journée se finit par un repas tous ensemble et on commence à faire connaissance avec tout le monde, l’ambiance est sympa mais on est tous bien fatigués des dernières journées.

12 novembre 2009

Pour m'écrire...

Pour tous ceux qui se demandent bien comment je vais pouvoir communiquer depuis mon bout de caillou, voici le fin mot de l'énigme !!

Par courrier, je peux vous envoyer des lettres (avec un beau timbre et de beaux tampons) par les différents bateaux qui passeront dans l'année, et qui les déposeront à la Réunion où elles seront expédiées tranquillement vers la France. Et si vous voulez m'écrire, même principe mais dans l'autre sens: vous envoyez votre lettre à la Réunion et le jour où un bateau passe il prend tout le courrier pour l'amener jusqu'à Crozet (sympa, le mec!!).

Voici mon adresse (à bien recopier sinon...):

Mlle RIPOCHE Marion
Base Alfred FAURE
District de CROZET
TERRES AUSTRALES ET ANTARCTIQUES FRANCAISES
VIA LA REUNION

Sinon, pour aller plus vite, la technologie aidant, il y a les mails:

marion.ripoche@crozet.ipev.fr

Mais attention : je n'ai accès qu'à ma boîte mail et non à l'ensemble du web (donc pas la peine de me donner des liens de sites ou autres). Et je ne peux recevoir et envoyer qu'une taille max par message (je vous redirais quand je serais là-bas, mais il n'y a aucun problème pour du texte simple). Par contre je peux en recevoir et en écrire autant que je veux par jour alors n'hésitez pas!!!

3 novembre 2009

17 Novembre 2009, en route pour les îles...

ça y est j'ai reçu ma convocation pour le grand départ: ce sera mardi 17 novembre, l'avion part de Roissy Charle de Gaule à 19h45. Arrivée à la Réunion à 9h35 et le bateau part ensuite dans la journée pour atteindre les Iles Crozet 4-5 jours plus tard.

Mais au fait, c'est où les Iles Crozet ?

Source: IPEV

Les îles Crozet (340 km2) sont composées de cinq îles volcaniques. La plus élevée culmine à 1050 m. L’archipel se situe entre les latitudes 45° 95’ et 46° 50’ Sud et les longitudes 50° 33’ et 52° 58’ Est, dans le sud de l’océan Indien entre Madagascar et l’Antarctique. L’archipel est divisé en deux groupes distants d’environ 110 km . Le groupe occidental comprend l'île aux Cochons, l'île des Apôtres et l'îles des Pingouins, groupe encore appelé îles Froides par Marion Dufresne qui les découvrit en 1772. Le groupe oriental comprend l’île de la Possession ( sur laquelle se trouve la base Alfred Faure) et l’île de l’Est.

Climat
Le climat est typique de la zone subantarctique, particulièrement venteux et pluvieux, avec une température moyenne de l’air de 5°C et l’eau de 4°C. Les îles Crozet ne sont en général pas gelées mais sont balayées par des vents dominants de secteur ouest à nord-ouest, souvent extrêmement violents sous forme de redoutables tempêtes interdisant pendant plusieurs jours consécutifs l'accès à l'archipel. Les vents dépassent les 100 km/h 100 jours par an. Les précipitations sont très abondantes (plus de 2.500 mm par an) et fréquentes : il pleut en moyenne 300 jours par an. Les saisons sont peu marquées ; au bord de la mer, la température se maintient toute l'année entre -5°C et +15°C.

Géologie
Les îles Crozet reposent sur un vaste plateau océanique de 4.500 km², limité par l'isobathe -250 m. Elles appartiennent à un vaste massif volcanique que la tectonique a morcelé et dont une grande partie a sombré en mer. Aujourd'hui, les témoins de cette histoire sont répartis en 2 groupes d'îles :
· l'un occidental avec les 12 îlots des Apôtres, l'île aux Cochons et l'île aux Pingouins,
· l'autre oriental, à 100 km du précédent, avec l'île de la Possession et l'île de l'Est.
C'est le groupe oriental qui est apparu le premier, il y a une dizaine de millions d'années (MA), et le volcanisme s'y manifestait encore il y a quelques dizaines de milliers d'années.
Le groupe occidental, quant à lui, est né il y a un peu plus de 5 MA. Son produit le plus récent est l'île aux Cochons, qui a moins de 500.000 ans et où des épisodes volcaniques très récents (environ 5.000 ans) ont produit une soixantaine de cônes de scories.

Découverte des îles Crozet
Les îles Crozet sont découvertes par l'expédition du navigateur français Nicolas Thomas Marion-Dufresne qui fait débarquer son second, Julien Crozet, sur l'île de la Prise de Possession (actuelle île de la Possession) le 24 janvier 1772. Celui-ci prend alors possession de l'archipel au nom de la France. James Cook nommera plus tard ces îles d'après ce dernier, ayant également donné le nom de Marion(-Dufresne) à une île de l'archipel du Prince-Édouard.

Au début du 19e siècle, les îles Crozet sont souvent visitées par des chasseurs de phoques, provoquant leur quasi disparition vers 1835. Après cette date, la chasse à la baleine est la principale activité menée autour de l'archipel. La fréquence des naufrages autour des îles est telle que la Royal Navy y envoie de temps en temps un navire (à intervalles de quelques années) pour récupérer d'éventuels survivants.

Pour réaffirmer la souveraineté de la France en l'absence d'occupation permanente de l'archipel, l'aviso Bougainville est envoyé à Crozet en janvier 1939. Une cérémonie est effectuée sur l'île de la Possession, et une borne portant une plaque de bronze est mise en place au-dessus de la baie du Marin qui reçoit ce nom à cette occasion.

Un décret du gouvernement français du 21 novembre 1924 rattache les îles Crozet, Kerguelen, Saint-Paul et Amsterdam au district des " îles éparses " dépendant de la province de Tamatave à Madagascar, colonie française à l'époque. Puis, en 1955, elles deviennent un district des Terres Australes et Antarctiques Françaises (TAAF) et forment ainsi un nouveau Territoire d'Outre-Mer (TOM).

Statut actuel: TAAF et réserves naturelle
Actuellement, les Iles Crozet font donc partie de TAAF : les Terres Australes et Antarctiques Française, territoires d’outre-mer doté de l’autonomie administrative et financière, depuis la loi du 6 août 1955. La France y exerce donc pleinement sa souveraineté. Même si cette souveraineté n’est pas menacée, il est nécessaire de l’affirmer pleinement, à la fois par la présence de bases occupées en permanence et par une surveillance de l’immense zone économique de 200 milles nautiques qui entoure ces îles.

Peu d’endroits au monde abritent encore des populations animales de l’importance de celles des TAAF : manchot empereur, grand albatros, manchot royal, éléphant de mer, otarie d’Amsterdam, pétrel géant, skua, gorfous, sternes…qui se comptent par milliers suivant les saisons et les espèces. Les TAAF ont créé en octobre 2006 une réserve naturelle couvrant une superficie d’environ 700 000 hectares dans les îles subantarctiques. Cette réserve est de très loin la plus grande de France. En protégeant les écosystèmes terrestres et marins exceptionnels des Kerguelen ou de l’archipel Crozet, elle permettra aux chercheurs de continuer à mener des travaux essentiels pour la connaissance et la protection de la biodiversité.

2 novembre 2009

Comment une véto atterrit au pays des manchots ?!

Le départ approche à grand pas, mais avant de partir je vais vous expliquer un peu plus en détail comment je suis arrivée jusqu’à ce projet, en quoi il consiste et brièvement comment ça va se passer la-bas.

VCAT biologiste, recrutée par l’IPEV pour le Programme 137 du CNRS de Strasbourg

J’ai été recrutée par l’IPEV comme VCAT (Volontaire Civile à l’Aide Technique) pour réaliser sur le terrains les travaux scientifiques que le CNRS de Strasbourg mène chaque année dans cette zone. Mon programme de recherche concerne uniquement le manchot royal sur les Iles Crozet

L’IPEV (Institut Polaire Français Paul-Émile Victor) est un groupement d’intérêt public dont le rôle est d’offrir un cadre juridique ainsi que des moyens humains, logistiques, techniques et financiers nécessaires au développement de la recherche française dans les régions polaires (Arctique et Antarctique) ou sub-polaires (terres australes). Celle-ci couvre un grand nombre de disciplines scientifiques : géophysique externe et interne, physique et chimie, glaciologie, biologie, médecine, océanographie, météorologie, sciences humaines. De plus, pour assurer la maintenance des bases dans des milieux aussi isolés, de nombreux autres corps de métier sont indispensables : cuisinier, charpentier, électronicien, médecin … L’IPEV permet donc aux laboratoires qui le souhaite, et dont le protocole de recherche est justifié et validé par un comité d’éthique, de mener à bien leur travaux dans ces zones isolées. Chaque année, une soixantaine de programmes, toutes disciplines confondues, sont ainsi sélectionnés par l’IPEV, qui se charge ensuite de recruter le personnel nécessaire et assure toute la logistique des missions.


Candidature, mode d’emploi

J’avais repéré la possibilité de partir étudier les manchots dans les terres Antarctiques depuis quelques années, mais je voulais auparavant terminer l’Ecole Vétérinaire avant de me lancer dans l’aventure.

Fin janvier 2009, j’ai envoyé mon CV et lettre de motivation (merci Guillaume) à l’IPEV,
en précisant les postes que j’envisageais, pour qu’il le fasse passer aux labo de recherche pouvant être intéressés par mon profil.

Une semaine plus tard, le CNRS de Strasbourg m’appelle et me fait passer un court entretien téléphonique pour évaluer ma motivation. Ils me disent qu’ils ont retenu 8 CV pour 2 postes (1 en Terre Adélie et 1 à Crozet), et qu’à l’issu des entretiens téléphoniques, ils en retiendront 4 pour passer des entretiens à Strasbourg même.

Youpi, je fais parti des 4 retenus et je passe l’entretien au CNRS en mars. On teste encore ma motivation et j’ai peur de ne pas faire le poids face aux autres car je n’ai aucune expérience de terrain … mais l’entretien se passe bien et est assez conviviale, donc j’essaie d’être confiante.

S’en suit une semaine d’attente pour avoir la réponse finale : oui, c’est moi qui part sur l’un des deux postes mais je ne sais pas encore lequel. J’ai une légère préférence pour Crozet, mais ça dépend aussi des préférences de l’autre candidate retenue (une Marion aussi, une véto aussi et qui a suivi la même formation que moi en épidémiologie un an avant moi, comme quoi, le monde est petit parfois !), mais ça dépend aussi des résultat des tests médicaux et psychologiques. L’isolement étant plus grand en Terre Adélie et les conditions plus extrêmes, ils ne peuvent pas se prononcer avant de vérifier qu’on est capable de tenir moralement et que le poste nous conviendra bien.

Il ne me reste donc plus qu’à passer ces fameux tests en mai, lors d’une journée marathon à Paris :
- matinée médicale : ophtalmo, fond d’œil, radio des poumons, radio panoramique des dents, électrocardiogramme, prise de sang (ils ont testé tous ce qu’il est possible de tester dans le sang), analyse d’urine, consultation médicale,… le check up complet !!!
- après-midi psychologique : des questionnaires à remplir du type « êtes vous quelqu'un d'organisé ? » vrai/faux, cela me ressemble pas du tout/ cela me ressemble totalement, « finissez-vous ce que vous entreprenez ? » toujours/souvent/parfois/jamais… interminable… et puis entretien avec le psy où on commence facile en racontant sa famille, sa scolarité, puis plus dur quand il faut se décrire et qu’on se rend compte qu’on ressort toutes les phrases qu’on vient lire pendant 2 heures dans les questionnaires... et le bouquet final avec l’interprétation des taches…étrange, un peu déstabilisant…

Enfin ça y est tout est en ordre, c’est sûr je pars, je suis trop contente, toute la tension des entretiens et tests depuis janvier commence à retomber… mais je pars où ??? Nous sommes en mai et je n’attend plus que la lettre de l’IPEV pour connaître le lieu de mon affectation.

Enfin la lettre tant attendue arrive : ce sera les îles Crozet. Soulagement final…je n’arrive pas à y croire…